Mesdames, Messieurs,
Réunis aujourd’hui au sein des Nations Unies, nous, jeunes appartenant à différentes religions, sommes heureux de témoigner de notre enthousiasme et de notre ambition d’œuvrer, à notre mesure et selon nos capacités, pour le dialogue interreligieux et pour la paix.
Mesdames, Messieurs,
Réunis aujourd’hui au sein des Nations Unies, nous, jeunes appartenant à différentes religions, sommes heureux de témoigner de notre enthousiasme et de notre ambition d’œuvrer, à notre mesure et selon nos capacités, pour le dialogue interreligieux et pour la paix.
Nous sommes convaincus que la religion, qui est une expression de la relation entre Dieu et l’homme, ne peut et ne doit jamais être source de conflits entre les hommes mais au contraire source de respect, d’ouverture et d’accueil de l’autre dans son identité la plus profonde celle d’être une personne humain digne, libre et responsable.
Le monde actuel est secoué par de multiples drames. Même s’ils prennent le titre de « guerres de religion », les conflits actuels ne sont pas uniquement de pures guerres de religion mais aussi des conflits sociaux, économiques et politiques. Sans nier que la dimension religieuse est souvent un facteur aggravant des conflits.
Ces conflits je les ai connus enfant. Ils faisaient partie de ma réalité. Je suis né dans une société constituée de dix huit communautés religieuses, chrétiennes, musulmanes et juives ou autres, pour environ trois millions habitants. C’est pourquoi la question de la religion et de Dieu s’est très tôt imposée à mon esprit et dans mon existence. Cette mosaïque religieuse n’était malheureusement pas toujours source de richesse comme elle devrait l’être. Plusieurs années de guerre atroce et terrible ont affaibli le rêve d’être « plus qu’un pays mais un message de paix, de convivialité et de coexistence pacifique » comme l’a exprimé Jean Paul II.
C’était un monde étonnant où toute personne différente était susceptible d’être ennemie ou dangereuse. Cependant, au moment même où des groupes de croyances différentes ou de mêmes croyances s’entretuaient dans certaines régions, d’autres groupes coexistaient et vivaient en paix dans d’autres parties du pays. Tandis que des personnes coexistaient et communiquaient avec respect de la différence d’autrui, de ses croyances et de sa tradition, d’autres refusaient à ce même autre toute possibilité d’exister et de vivre différemment.
Ainsi, tôt dans ma vie, je me suis intéressé à cette question de « la coexistence pacifique » en désirant l’approfondir. Je voulais comprendre pourquoi et dans quel but l’homme peut réagir de la sorte ? Pourquoi, même lorsqu’il croit en Dieu, et souvent au nom de ce même Dieu, commet-il les crimes les plus horribles ?
Mes recherches m’ont mené vers des chemins divers pour mieux connaître et comprendre l’homme dans sa relation avec lui-même, avec autrui et avec Dieu. Ma présence parmi vous aujourd’hui s’insère dans cette recherche de réponse et dans cette affirmation que « la paix aura le dernier mot ».
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même, il n’y a pas de commandement plus grand » une phrase prononcée par le Christ qui résume bien la mission de l’Église d’aller à la rencontre des peuples et des personnes. L’amour du prochain n’est pas simplement un sentiment de sympathie, mais il consiste dans le respect de l’autre, de son altérité. Un amour qui s’étend à tout autre, même les ennemis « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? ».
Par le dialogue nous entrons dans ce schéma d’ouverture et d’acceptation d’autrui, sur plusieurs niveaux : Tout d’abord par le dialogue de la vie, qui est un élan vers la rencontre de toute personne humaine, pour mieux la connaître et mieux la comprendre. C’est le désir de vivre ensemble et bâtir un avenir sur la confiance, le respect et la solidarité plutôt que sur la méfiance, la haine et le repli sur soi.
Ensuite le dialogue des œuvres, par la mise en commun de nos efforts et de nos différences pour un monde plus fraternel et plus juste. Il s’agit d’établir ensemble nos projets pour l’éducation à la paix, l’amélioration de la justice sociale et le développement des peuples.
Et sur un autre plan vient le dialogue théologique où des chercheurs se mettent à approfondir la compréhension de leurs héritages religieux respectifs et à en apprécier les valeurs spirituelles. Enfin, il y a le dialogue des expériences religieuses qui se réalise par les rencontres spirituelles et l’exercice de la contemplation, répondant à la soif intérieure des personnes en quête d’une compréhension plus profonde du mystère de Dieu.
Nous voulons établir un dialogue authentique qui nous guidera vers un mieux vivre ensemble, dans le respect de l’identité de l’autre, de sa vision du monde et du mystère spirituel tel qu’il s’est révélé à lui.
Notre rassemblement aujourd’hui est le fruit d’une providence qui nous dépasse. Il est inconcevable de réunir autant d’esprits différents des quatre coins du monde et de différentes religions. Cependant cela s’est réalisé grâce à l’engagement de plusieurs personnes qui y croient et mettent tous leurs efforts dans le but de la paix.
Elder Camara disait : « Lorsqu’on rêve tout seul, ce n’est qu’un rêve, alors que lorsqu’on rêve à plusieurs c’est déjà une réalité ». Notre rassemblement est la réalité d’un rêve commun que nous souhaitons partager par un engagement selon nos capacités.
Dans notre rencontre, nous reconnaissons notre part de responsabilité parce que l’avenir de notre planète et de notre monde dépendent de nos engagements individuels et collectifs. Nous voulons agir contre toute exclusion de l’autre, toute sorte d’intégrisme et de fanatisme, sources de violences et d’injustices, en associant nos énergies et nos valeurs.
Nos ressemblances nous donnent la force et nos différences nous enrichissent, et sur cette base nous faisons le premier pas. Pie XII déclarait : « Rien n’est perdu avec la paix, Tout peut l’être avec la guerre ». Le chemin est long, mais tout chemin commence par un premier pas. C’est notre souhait pour un monde meilleur et plus juste.