Je me présente : je m’appelle Johana Ohayon, j’ai 27 ans. Je suis née à Genève, d’un père marocain juif et d’une mère iranienne juive. Nous sommes d’origine séfarade. Ce qui signifie que nous sommes des juifs d’Orient. Le mot Sefarad, qui signifie Espagne en hébreux, fait référence aux juifs provenant de l’Espagne et du Portugal, en exil depuis l’inquisition dans les pays méditerranéens et orientaux.
Je me présente : je m’appelle Johana Ohayon, j’ai 27 ans. Je suis née à Genève, d’un père marocain juif et d’une mère iranienne juive. Nous sommes d’origine séfarade. Ce qui signifie que nous sommes des juifs d’Orient. Le mot Sefarad, qui signifie Espagne en hébreux, fait référence aux juifs provenant de l’Espagne et du Portugal, en exil depuis l’inquisition dans les pays méditerranéens et orientaux.
Je suis plus ou moins pratiquante, je célèbre toutes les fêtes juives et j’essaye d’étudier la Torah, la bible hébraïque, le plus possible. Personnellement, je pense que l’étude de la Torah n’est pas en lien direct avec la religion, mais plutôt avec l’identité de l’être humain. Et je fais la différence entre ma religion, ma foi, la Torah et mon identité juive. Ce sont quatre éléments qui font de moi une juive.
En ce qui concerne notre sujet d’aujourd’hui, j’aimerais commencer par une petite explication du mot Shalom en hébreu, qui veut dire « paix ».
Shalom s’écrit en hébreu avec 3 lettres (sans compter les voyelles) :
Shin – lamed – mem.
Ce mot shalom sous-entend à lui seul, différente notion de la paix. Il peut vouloir dire la paix entre les hommes, mais aussi entre l’homme et Dieu. Shalom veut aussi dire la paix intérieure, le bien-être d’un individu.
Ce mot est aussi utilisé pour dire bonjour et au revoir, notamment en Israël.
Il symbolise donc le début et la fin d’une chose, son ensemble, son unité.
D’ailleurs, si nous reprenons les 3 lettres du mot, mais que nous les prononçons Shalem, cela signifie « complet, entier ». Ainsi on observe que toute cette série de mots, réunis ensemble, explique la notion de la paix.
Cela étant dit, j’aimerais aussi vous parler des valeurs humaines que j’ai apprises à travers ma religion.
La fête la plus importante dans le judaïsme c’est la célébration du Chabat - le jour saint – symbolisant le 7ème jour de la Création. Elle commence le vendredi soir et se termine samedi soir. Pendant cette journée, nous vivons un vrai recueillement, un moment de joie et de sérénité en famille. Nous oublions tous nos soucis, le travail quotidien et tout le côté matérialiste, et nous nous consacrons davantage à des valeurs plus humaines et plus spirituelles. C’est un moment de repos, de calme, qui favorise la paix intérieure et aussi le respect et le partage envers les autres.
D’autres fêtes comme Yom Kipour ou Souccot m’apprennent le pardon, la remise en question et aussi l’humilité. Toutes ces célébrations réunies m’apportent non seulement une stabilité et une sérénité, mais aussi une ouverture d’esprit.
Il y a une autre valeur qui me paraît fondamentale pour que la paix existe, c’est le respect entre homme et femme. En étudiant le passage d’Adam et Eve, selon l’étude juive, on s’aperçoit qu’il y a entre eux tout un système de connexions, rempli d’éléments symboliques, qui rendent leur relation si unique et si profonde. On assiste ici à la naissance de la 1ère relation et donc, au début de l’intimité et de la complicité. Contrairement aux idées reçues, le couple d’Adam et Eve symbolise complètement la notion d’égalité des sexes. Ils accomplissent chaque étape de leur histoire ensemble.
Pour poursuivre dans mon raisonnement, j’aimerais revenir sur la création des mondes. Il s’agit d’un moment très fort, où on assiste à la séparation des eaux et des cieux, de l’apparition de la lumière et du début de l’humanité : Adam et Eve, sans religion ni nation. Les premiers êtres – la première histoire d’amour. C’est une histoire universelle qui se comprend par tous, puisqu’il s’agit de l’origine de l’humanité. C’est ce que rapporte le judaïsme. Et certainement le christianisme et l’islam.
Pourtant, malgré ma croyance et ma passion pour cette histoire, je me suis toujours demandée qu’en était-il pour les autres religions ? quelle est la version africaine ? comment commence le monde chez les Indiens ? je doute qu’on ait la même explication !
Certains m’ont répondu que ma foi n’était pas assez grande et que je doutais de Dieu pour pouvoir remettre cet épisode en question. Mais je ne suis pas d’accord : pourquoi une histoire qui me semble être la vérité à mes yeux doit-elle automatiquement être vrai pour l’ensemble de l’humanité ? C’est tout simplement improbable.
De plus, cela insinuerait que j’ai raison, que je détiens la vérité et que les autres peuples se trompent !!!
Le fait d’avoir une confiance aveugle dans les écrits sacrés est admirable, mais cela ne laisse pas de place aux questions, et encore moins à d’autres opinions. On coupe alors toute possibilité de communication et de compréhension envers les autres. Car nous ne laissons aucun doute, aucun choix et aucune possibilité d’évoluer.
Au contraire ! J’aurais aimé entendre plus d’histoire de la création du monde, pour encore mieux comprendre la mienne.
Finalement, qui a raison ? qui a mieux compris ? est-ce important ?
Je pense qu’il est primordial de garder sa propre religion, parce qu’elle nous constitue et nous défini. Mais il ne faut pas oublier que notre foi est personnelle et qu’elle ne représente pas forcément la vérité pour tout le monde. D’ailleurs j’en vois pas l’intérêt.
Ce qui m’amène au sujet principale : aujourd’hui, nous sommes réunis pour parler de la paix universelle, toutes religions confondues. Notre travail est d’essayer de construire ensemble un chemin commun que chacun pourra emprunter quand il se sentira en danger.
La question est comment construire ce chemin ! Selon quel concept, quelles lois et quelle logique ?
Nos religions ayant chacune une histoire et un langage différents, comment se comprendre, comment s’accepter ?
Malheureusement, il ne suffit pas seulement de vouloir la paix. Et je pense aussi qu’il ne sert à rien de faire la liste des points communs entre toutes les religions.
Au contraire, je pense que c’est dans les différences que nous construirons le chemin de la paix.
D’ailleurs, je pense qu’il ne s’agit pas de religions, ni de Dieu. Il s’agit de l’être humain. Qu’est-il capable de faire avec les outils qu’on lui donne ?
Il est facile de s’aimer soi-même, d’être fier de sa nation, de soutenir son peuple, parfois aveuglement.
En revanche, c’est un exercice beaucoup plus difficile que de respecter un individu qui a une autre culture et une autre histoire.
Nous devons dès aujourd’hui apprendre à nous connaître, à nous écouter. Ne recherchons pas la vérité mais l’unité. Gardons l’esprit ouvert et faisons preuve d’humilité.
Je ne peux donc être plus convaincue que c’est en cultivant la différence et non la ressemblance que nous arriverons à nous comprendre pour marcher ensemble vers la paix, entre humains, homme et femme, adulte et enfant, et avec la nature.