Conférence organisée par l'AIPP
Bruxelles, Belgique - 5 décembre 2017
Une série de réunions inaugurales de l'AIPP en Europe en 2017 ont abouti à une conférence au Parlement européen le 5 décembre.
L'AIPP organise une conférence sur la radicalisation au Parlement européen
Une série de réunions inaugurales de l'AIPP en Europe en 2017 ont abouti à une conférence au Parlement européen le 5 décembre. Organisée conjointement par la FPU, la Fédération des femmes pour la paix mondiale (organisation affiliée à la FPU) et Human Rights Without Frontiers (HRWF), cette conférence avait pour titre « Radicalisation et Extrémisme violent en Europe : Axer sur la prévention ».
Flavio Zanonato, membre italien du Parlement européen et membre de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates, était l'hôte de la conférence.
Dans une année marquée par des actes de terrorisme répétés, le thème de la conférence touchait à une préoccupation largement partagée par les Européens. Reflétant la conviction que les efforts conjoints des parlementaires et des leaders spirituels sont nécessaires pour prévenir la radicalisation, les deux sessions de la conférence étaient axées en premier lieu sur le rôle des parlementaires puis sur les facteurs religieux.
Session I : Politiques proactives pour la prévention de la radicalisation: le rôle des parlementaires
La première session s’est déroulée au Parlement européen, dans une salle prestigieuse du bâtiment Altiero Spinelli. Dans la salle de 120 places remplie de participants venus de toute l'Europe, la directrice adjointe de HRWF, Lea Perekrests, a présenté Flavio Zanonato, membre du Parlement européen. Ce dernier a parlé des travaux de la Commission sur le terrorisme et du rôle de l'éducation scolaire dans la prévention de la radicalisation.
Jean-Marie Bockel, sénateur français et ancien ministre du gouvernement, a passé en revue les conclusions d'un récent rapport du Sénat français qu'il avait supervisé, sur la prévention de la radicalisation. Soulignant sa dimension idéologique, en particulier dans le cas de la radicalisation islamique, il a déclaré que les politiques de prévention devraient viser à la fois à contrer l'extrémisme violent et réduire le communautarisme excessif. Il a ensuite décrit diverses initiatives de prévention par les gouvernements locaux en France.
Le Dr Afzal Ashraf, spécialiste de la lutte contre le terrorisme à l'Université de Nottingham au Royaume-Uni, a donné une description générale des facteurs internationaux à l'origine de la vague actuelle de terrorisme dans le monde. Avec ses antécédents militaires et son expérience dans la guerre en Irak, Le Dr Ashraf a averti que se concentrer exclusivement sur les communautés islamiques serait trompeur et inefficace face à la cause du problème, qui a beaucoup à voir avec les diverses politiques gouvernementales.
La chercheuse belge Brigitte Maréchal, directrice du Centre interdisciplinaire pour l'étude de l'islam dans le monde contemporain (CISMOC) de l'Université catholique de Louvain, a partagé ses réflexions sur le fait que l'Europe est confrontée depuis longtemps à une rencontre des civilisations en relation avec l'islam. Cela demande un nouvel état d'esprit, une éducation adéquate et une évaluation respectueuse de nos différences, a-t-elle déclaré.
Seyran Ates, avocate allemande et activiste des droits des femmes musulmanes, qui a récemment fondé la première mosquée libérale de Berlin, a appelé à une action pour que le respect des droits de l'homme et des valeurs démocratiques soit la base d'une véritable éducation religieuse. Elle a recommandé que les écoles enseignent la religion en mettant l'accent sur l'éthique.
Karl-Christian Hausmann, dirigeant de l'Union chrétienne-démocrate de Stuttgart et président de la FPU-Allemagne, a conclu le panel par une introduction à l'Association internationale des parlementaires pour la paix (AIPP). L'AIPP a été lancée dans le monde entier à partir de 2016. Promouvant le dialogue et la coopération au-delà des affiliations nationales, religieuses ou de partis, l'AIPP encourage la coopération entre les dirigeants politiques et spirituels pour favoriser des solutions durables aux problèmes actuels.
Session II : Racines et prévention de la radicalisation : Facteurs religieux
La deuxième session s'est tenue au Renaissance Brussels Hôtel, situé à cinq minutes à pied du Parlement. Les participants ont apprécié un repas léger et une interaction amicale avant la courte et fascinante performance musicale par Solange Dellens, 13 ans.
Robin Marsh, le secrétaire général de la FPU au Royaume-Uni, a modéré la session. Trois des panélistes de la première session - Lea Perekrests, Brigitte Marshal et Seyran Ates - ont de nouveau participé au panel et développé leurs présentations. Un quatrième panéliste était Camel Bechikh, un activiste musulman conservateur de France, fondateur de l'Association Fils de France.
Lea Perekrests a expliqué l'objectif actuel de Human Rights Without Frontiers : le croisement entre la liberté religieuse et des questions de sécurité. Elle a décrit la participation de son organisation à des procédures judiciaires récentes où des dirigeants religieux musulmans extrémistes ont été expulsés d'Europe en raison de décisions politiques.
Brigitte Marechal a souligné la nécessité d'approfondir l'étude et la compréhension de la religion en Europe, ajoutant qu'il ne fallait pas confondre le dialogue interculturel et interreligieux. Cette nouvelle rencontre des civilisations, a-t-elle souligné, intervient après une longue période au cours de laquelle la religion a décliné en Europe, alors que le sentiment religieux grandit dans le monde islamique. Un véritable dialogue avec l'islam est nécessaire, dont le résultat dépendra du choix des interlocuteurs , a-t-elle déclaré
Seyran Ates a appelé à une réforme de l'islam, laquelle, selon elle, doit se focaliser sur l'égalité des sexes. Elle a expliqué sa campagne « Stop Extremism » en Europe, disant qu'il est nécessaire de confronter les assauts des fondamentalistes religieux aux droits de l'homme et aux valeurs démocratiques, dans lesquels « la liberté et la démocratie sont utilisées pour détruire la liberté et la démocratie ».
Le dernier orateur, Camel Bechikh, a commencé son intervention en affirmant son attachement à l'islam et ses sentiments patriotiques envers son pays la France. Une « caricature » de l'Islam, a-t-il averti, conduirait à une mauvaise évaluation du problème et à des solutions contre-productives. Il a ensuite décrit comment l'amalgame entre le catholicisme authentique et les abus commis par une monarchie catholique en France a finalement conduit à une montée de l'athéisme ayant miné la société française et dans une certaine mesure causé la confusion actuelle par rapport au mariage et aux valeurs familiales. Un amalgame similaire entre l'Islam et la violence extrémiste, a-t-il dit, ouvrirait la voie à de prétendues « idéologies progressistes » sapant les valeurs fondamentales promues par toutes les religions et finalement ébranlerait la démocratie elle-même.
Le public a réagi à cette discussion sur ces questions très actuelles par des commentaires ou des questions - parfois provocatrices - sur l'extrémisme religieux, le sort des minorités chrétiennes dans le monde islamique et les politiques familiales controversées en Europe.
Depuis l’emplacement prestigieux du Parlement européen, et grâce au travail d'éminents experts pour traiter de ces problèmes d'actualité, la conférence a ouvert de nouveaux horizons pour les activités de la FPU dans les années à venir.
Conférence au Parlement européen - Intervention de M. Kamel Bechikh.
Conférence au Parlement européen - Intervention de M. Jean-Marie Bockel