Le 22 octobre 2016, à l'Espace Barrault à Paris, a été organisé un Forum pour la Paix et le Développement sur le thème : « Afrique – France : Projets de coopération décentralisée », qui a réuni des dirigeants associatifs, des intellectuels et des diplomates africains ainsi que des Français impliqués dans le développement et concernés par l'Afrique. Le forum a été organisé conjointement par le chapitre FPU France, avec notamment une délégation de Bretagne, et le chapitre français de la Fédération des femmes pour la paix (FFPM). M. Adama Doumbia, secrétaire général de la FPU en Afrique, avait fait le voyage depuis la Côte d'Ivoire pour rencontrer les participants et parler des activités de la FPU sur le continent africain.
Divers aspects de la paix et du développement furent abordés au cours de la journée : projets d’associations consacrées à l’aide et au service humanitaires, parfois de personne à personne ; soutien d’experts offrant formation et assistance à une communauté désireuse de progresser ; établissement d'un réseau diplomatique et politique ouvrant des voies nouvelles pour la paix impliquant la contribution de l'Etat et d’organisations internationales.
-Un bénéfice important de la réunion fut de sensibiliser les participants à des dimensions du développement insoupçonnées jusque-là. En effet, c’est la bonne volonté et le sens des responsabilités qui sont les moteurs essentiels du développement et qui incitent les gens à mobiliser leurs ressources morales et financières, leur temps, leurs compétences et leurs relations.
Promouvoir la paix au Togo : villes et régions de paix
M. Patrick Jouan, vice-président de la FPU France, présenta le programme de la matinée auquel participèrent le premier secrétaire de l'ambassade du Togo, qui salua les participants, ainsi qu’une délégation de Togolais vivant en France.
M. Laurent Ladouce donna ensuite une présentation sur Dapaong, une ville du nord du Togo, suggérant pourquoi et comment elle était appelée à devenir une ville internationale de paix. Il souligna qu’un tel projet nécessitait une vision à long terme et une coopération soutenue entre le centre et la périphérie.
Puis M. Koumtchane Siangou parla de son expérience dans cette même région du Nord Togo, où en tant que dirigeant de l'association « Ensemble pour le Togo », il décida de résoudre les vives divisions qui régnaient entre la population de Dapaong et les forces de police à travers une approche non-violente. Grâce au soutien de l'évêque catholique et d'autres chefs religieux, il réussit à instaurer une meilleure compréhension réciproque, ce qui se révéla très utile lors des élections présidentielles de 2015. L'étape suivante, dit-il, sera d'organiser un forum sur l'autonomisation pour traiter des problèmes pressants du chômage dans le Nord Togo.
Les présentations de la matinée soulignèrent la nature en partie politique du développement, liée à divers paradigmes tels qu’une vision créative de l'avenir, un véritable dialogue entre l'Etat et la société civile et la combinaison d'une plus grande liberté et d'une plus grande sécurité humaine.
Rénovation d'une école au Sénégal avec la contribution de jeunes volontaires
Lors de la session de l’après-midi, Mme Bénédicte Suzuki, représentante FFPM pour le nord de la France, présenta un projet humanitaire qu’elle initia avec quelques autres femmes de la région, inspiré de la philosophie de la FFPM. Une association fut créée et huit jeunes européens furent mobilisés, puis jumelés avec huit jeunes Sénégalais, et ils œuvrèrent ensemble à la rénovation d'une école à Dakar. Elles purent en outre mobiliser des sponsors pour soutenir les frais de scolarité de nombreux enfants de l’école. Son rapport fut plein d'anecdotes qui touchèrent le cœur de chacun, car elles démontraient la profonde dimension humaine du développement qui consiste à aimer les autres alors même qu'ils vivent dans un monde complètement différent.
Autonomiser les communautés par une aide durable
Mme Nelly Cambervelle présenta un point de vue différent et complémentaire sur le développement : non pas sous forme de dons humanitaire, mais d’une mise en place de structures financières et de gestion afin de susciter un véritable esprit d'entreprise. Son objectif principal est d'habiliter des femmes entrepreneurs qui, autrement, resteraient cantonnées à des rôles très traditionnels. D'après son expérience, les femmes travaillant ensemble sont souvent plus fiables pour certaines formes d'entrepreneuriat. Elle partagea plusieurs exemples, notamment dans la région du Sud-Kivu en République démocratique du Congo. Elle souligna le fait qu'un facteur clé pour la durabilité de l’aide est de créer un secteur d'activité centré sur un même produit ou une même activité. Ceux qui sont habilités deviennent ainsi aptes à responsabiliser et recruter d'autres personnes une fois qu'ils ont acquis l'esprit et le savoir-faire.
La journée se termina par un témoignage de M. Thierry M., un jeune ingénieur dans le domaine de l'eau travaillant pour une importante multinationale française, qui parraine des projets de développement impliquant ses employés. Ces projets liés à l'eau doivent s'adapter aux conditions locales, parfois dans des zones très reculées. La tâche la plus cruciale, expliqua Thierry, n'est pas la construction de l’infrastructure pour l'adduction de l'eau, mais la responsabilisation de la communauté tout entière, en particulier des enfants et des jeunes, afin de mesurer leur usage de l'eau dans la vie quotidienne.
La principale leçon retenue par les participants au cours de la réunion, d’après eux, fut leur prise de conscience du niveau de bonne volonté et d'amour sincère nécessaires à la pratique du développement.