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Message vidéo de Monseigneur Jacques Gaillot

Message vidéo de Monseigneur Jacques Gaillot, Evêque de Partenia, France,
lors du Rassemblement de Prière pour la Paix
dans la Péninsule Coréenne le 5 décembre, 2021

Il s’est passé quelque chose un jour de novembre 2017 alors que nous étions rassemblés dans le stade olympique de Séoul. Il faisait froid et le vent était glacial. Quelqu’un vint me chercher pour me conduire à l’endroit où je devais adresser des intentions de prière qu’on m’avait demandé de préparer. Dans un silence impressionnant, j’adressais à Dieu une première intention en français, aussitôt traduite en d’autres langues. La foule manifestait son accord, en faisant siennes ces paroles de paix, de réconciliation et d’unité pour la Corée. Nous étions tous des mendiants de la paix, demandant à Dieu de nous accorder ce que nous ne pouvions pas nous donner par nous-mêmes. Dans ce stade olympique, la foule en prière m’impressionnait.

Quelques mois plus tard, le président américain rencontrait le dirigeant nord-coréen, sur la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées. Cet évènement sans précédent ouvrait une brèche à l’avenir. Spontanément je faisais le lien avec l’humble et confiante prière de la foule dans le stade de Séoul. Une prière qui apportait sa modeste pierre à la construction de la paix. J’exprimais ma reconnaissance au Christ, prince de la Paix.

C’est pourquoi je tiens ici à exprimer ma gratitude à la fondatrice Dr Hak Ja Han-Moon qui a rendu possible la rencontre de Séoul en 2017 et qui a voulu qu’un Sommet se tienne en février 2022. Un Sommet qui rassemblera des leaders religieux du monde entier pour soutenir les efforts de la réunification. Merci, Dr Hak Ja Han-Moon, de porter inlassablement le souci de la paix et de la réconciliation pour que la Corée retrouve son unité.

Avez-vous remarqué cette contagion des murs à travers le monde ? Des murs qui séparent les peuples et les empêchent de circuler. Des murs de la honte. Murs entre Israéliens et Palestiniens, entre Américains et Mexicains, entre Polonais et Biélorusses, entre le Maroc et les enclaves espagnoles…

Quand le mur de Berlin a été détruit en 1989, je n’imaginais pas que l’Europe deviendrait un jour une forteresse !

Les murs ne sont-ils pas faits pour être détruits ?

Entre les deux Corées, le mur est encore debout : mur de barbelés, de miradors, de bunkers. C’est une blessure toujours à vif qui exprime le drame national.

Mais il y a aussi en nous des murs qui nous séparent les uns des autres.

Le mur de l’argent entre riches et pauvres. Tout est fait pour qu’ils ne se rencontrent pas dans la vie ordinaire.

Le mur de la haine entre des ethnies, des peuples qui ont connu des génocides ou des guerres fratricides. Je pense au Ruanda, au Burundi, au Kosovo…

Le mur des préjugés et de la méfiance qui divise des familles et des communautés. On s’aperçoit, mais on ne se parle plus.

Le mur de l’indifférence qui fait que l’on s’ignore. Les autres ne nous intéressent plus. Ils n’ont plus rien à nous dire.

Le mur de l’oubli qui fait tomber une chape de plomb sur ce que l’on a vécu avec d’autres.

Jésus, l’homme de Nazareth, a passé sa vie à faire tomber des murs. J’aime qu’il soit né hors les murs et qu’il soit mort hors les murs. Par sa mort sur la croix, il a détruit le mur de la haine qui nous séparait les uns des autres.

La planète appartient à la famille humaine. Nous sommes faits pour habiter la maison commune, vivre ensemble, circuler. Nous sommes dans un monde qui se construit par le dépassement des frontières. Tout circule sur la planète : l’argent, les armes, la drogue, les informations… mais pas les individus. Les mesures sécuritaires que l’on peine à mettre en place à l’égard des migrants ne mettront pas fin à des déplacements qui ont toujours existé et qui existeront toujours.

On ne fait pas la paix avec du béton et des barbelés qui emprisonnent les gens.

Dans son voyage à Séoul, en août 2014, le pape François a béatifié 124 martyrs de Corée dont Paul Yun Ji-Chung (décapité à l’âge de 32 ans) et ses compagnons. Le pape reconnaît non seulement le rôle historique de l’Eglise catholique en Corée, mais il met en relief ce fait insolite qu’on ne trouve nulle part ailleurs : La foi chrétienne n’est pas parvenue sur les rivages de la Corée par des missionnaires, elle y est venue par l’accueil que des laïcs ont fait à la Parole de Dieu.

Le pape dira aux évêques : 

« Vous êtes les héritiers d’une impressionnante tradition qui a commencé, et a largement grandi, grâce a la fidélité, à la persévérance et au travail des générations de laïcs. Ceux-ci n’avaient pas la tradition du cléricalisme : ils étaient laïcs, ils allaient seuls de l’avant. Il est significatif que l’histoire de l’Eglise en Corée ait commencé par une rencontre directe avec la Parole de Dieu »

Les premiers missionnaires français arrivèrent en 1836. Ils ont vécu dans des conditions difficiles et dangereuses avant d’être exécutés pour leur foi.

Dans les rencontres avec des leaders religieux, on s’appuie sur des valeurs qui rassemblent : la vérité, la justice, la fraternité. Nelson Mandela reste un guide. Après avoir passé vingt-sept années en prison, il n’a pas cherché à se venger. Pour reconstruire son pays, il a fait appel aux Blancs. Il avait besoin de tout le monde.

On ne gagne pas son ennemi par la haine et la vengeance. L’emporter sur l’autre est toujours une défaite. L’expérience montre qu’on peut lutter pour la justice et la dignité des êtres humains sans haïr et sans tuer.

Quand on me demande : « Pourquoi être chrétien ? », je réponds « Être chrétien, c’est aimer l’homme passionnément ». Je crois en Dieu parce que je crois en l’homme. Un hymne du bréviaire le dit très bien :
« Qui donc est Dieu, que nul ne peut aimer s’il n’aime l’homme ?

« Qui donc est Dieu, qu’on peut si fort blesser en blessant l’homme ? ».

On ne peut pas rejeter l’autre et s’affirmer chrétien. Ne soyons pas tentés d’être avec Dieu, sans être avec les exclus de la société.

L’image des migrants qui sont parqués entre les barbelés de la frontière polonaise et la Biélorussie est pour moi insoutenable. Ces familles avec leurs jeunes enfants souffrent du froid et de la faim.

On protège les frontières avant de protéger les migrants.
La brutalité l’emporte sur l’humanité.
L’expulsion prend le pas sur l’accueil. L’humain est bafoué.

Une société humaine se juge à la manière dont elle traite ceux qui sont blessés, qui ont faim, qui viennent de loin.

Dans l’avion du retour de Corée, le pape François répondit aux questions de la presse.

Un journaliste coréen lui demanda :

« Pyongyang affirme que le christianisme est une menace directe à son régime et à son leadership. Nous savons que quelque chose de terrible est arrivé aux chrétiens nord-coréens. Mais nous ne savons pas ce qui est arrivé. Y-a-t-il dans votre esprit une volonté particulière pour tenter de changer l’approche de Pyongyang vis-à-vis des chrétiens nord-coréens ?

Réponse du pape :

« Aujourd’hui dans la cathédrale, il y avait un cadeau qui m’était offert, c’était une couronne d’épines du Christ, faite avec du fil de fer qui divise les deux parties de l’unique Corée. J’ai emporté ce cadeau dans l’avion…c’est la souffrance de la division, d’une famille divisée.

Nous avons une espérance : les deux Corées sont frères, ces deux Corées parlent la même langue. Quand on parle la même langue, c’est parce qu’on a la même mère et cela nous donne l‘espérance.

La souffrance de la division est grande, je comprends cela et je prie pour qu’elle finisse. »

Prions à notre tour :

Dieu, Tout-Puissant, notre Créateur,

Toi qui aimes la famille humaine et prends soin de notre terre,

Merci de nous avoir donné Abraham comme père commun dans la foi. Il est une bénédiction pour tous les peuples

Avec les fils et les filles d’Abraham, avec les autres croyants et toutes les personnes de bonne volonté, nous te supplions :

Détruis les murs qui séparent, enlèves les obstacles qui empêchent d’avancer.

Vois ton peuple de Corée qui connaît la souffrance de la division et l’épreuve de la séparation.

Toi qui es le Dieu de la vie et non de la mort, répands sur nous ton souffle vivifiant pour que ton peuple ait le courage de l’avenir.

Toi qui es le Dieu de la Paix et non de la guerre, accorde-nous de vivre en harmonie et en paix, conscients qu’à tes yeux nous sommes tous frères et sœurs.

Reste avec nous dans notre marche pour que nous gardions l’espérance au cœur.

Amen

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